Algues sargasses: présentation des projets d'essais de collecte et de valorisation des algues

Mis à jour le 28/06/2017

Les appels à projets et appels à manifestations d'intérêt en Martinique en 2015 et 2016 ont permis de subventionner un panel de projet portant sur la réalisation d’essais de collecte et de valorisation des algues.

Les enjeux communs étaient:

- Collecter avant que les algues se décomposent et produisent de l’hydrogène sulfuré (H2S)
- Définir les techniques les plus efficaces en termes de coûts, impacts environnementaux, délai de réactivité, pour chaque configuration d’échouage
- Veiller à la sécurité des travailleurs

Les projets de collecte concernent un panel varié de méthodes adaptées à la diversité des échouages. L’ensemble de ces essais sont évalués par un bureau d’études mandaté par l’ADEME. L’étude est en cours, à ce jour, des fiches de synthèse sur le ratisseur, le godet griffe et les brigades vertes ont été rédigées.

On dénombre en Martinique

- 2 projets de ramassages manuels
  - Les brigades vertes du Sud et du Nord, pourvoyeurs d’emplois. Les deux dossiers déposés, ont représenté un investissement de 1 million d’euros. L’ADEME apporte un financement global de 728 k€ uniquement sur le matériel. Les interventions des brigades vertes intercommunales se sont développées progressivement depuis juillet 2015, pour atteindre 87 ETP employés sur la collecte des sargasses et le nettoyage des plages et espaces naturels. Le retour d’expérience est très satisfaisant.

- 2 projets de ramassage sur plage permettant de limiter les impacts (tassement du sol, érosion):
      - Un tracteur avec divers outils de ramassage (ratisseur, godet-griffe, râteau goémonier) de l’entreprise martiniquaise SEEN. Le ratisseur et le godet griffe ont déjà été testés sur plusieurs sites et permettent de s’adapter à différentes configurations de plage.

    - Un prototype de ramasseur de plage avec stockage (constructeur du Nord de la France, Axinor). L’étude de conception a été réalisée, la machine devrait pouvoir être testée en Martinique d’ici l’été 2017.

- 2 projets de ramassage en mer à faible profondeur :
  - Un porte-outil amphibie de l’entreprise martiniquaise SDTP. Celui-ci a déjà été expérimenté plusieurs fois (6 jours de test réalisés). Il est bien adapté pour les fonds de baie accessibles.
  - Un système de filet tracté depuis le rivage de l’entreprise martiniquaise DNS. Les premiers essais vont être programmés dès l’arrivée de nouveaux bancs de sargasse.

- 4 projets de collecte en mer :
  - Conception et construction d’une barge de collecte en attente de portage local du projet.
  - Achat par une entreprise Guadeloupéene Copame d’une barge de collecte en fond de baie,
  - Investissement dans des bacs de stockage afin d’augmenter l’autonomie du navire collecteur « sargassor » en Guadeloupe
  - Pompage d’algues en fond de baie à l’aide d’un amphibie, par l’entreprise Energis Nautic Service (testé en Martinique).

Ces projets sont plus lents à se mettre en place, des études de faisabilité devant être réalisées et les investissements étant plus conséquents. La collecte en mer resterait le plus efficace pour éviter l’échouage sur les sites difficiles à collecter et pour avoir un gisement valorisable dans des filières à forte valeur ajoutée.
  - 2 projets de mise en place de barrages anti-pollution, en déviation vers des sites de collecte plus aisés à atteindre.
  - Un premier test est en cours au Marigot, la mise en place du barrage (50ml) a été réalisée courant avril 2016. Une étude de faisabilité est en cours pour l’implantation d’un barrage (1200ml) dans la baie du Robert.

Instruction de dossier FEDER Fonds européen de développement régional pour l’aide à l’investissement en engin mécanique des collectivités

8 dossiers ont été déposés par les EPCI et communes sur les reliquats de fonds FEDER Fonds européen de développement régional, pour un montant d’aide de 1.8 M€. Ces dossiers concernent l’achat de matériel communal pour le transfert des algues (camions, tractopelle), mais aussi la collecte (ratisseur de plage) et barrage.

3. Identifier des moyens de valorisation, dans une perspective d’économie circulaire

Les enjeux :
- Assurer des exutoires immédiats aux normes pour les sargasses collectées
- Développer des process de valorisation tenant compte du caractère aléatoire de la ressource
- Identifier les potentiels de valorisation sur le long terme permettant de dégager une économie de la sargasse et entrer dans une dynamique d’économie circulaire
90% des algues collectées sont actuellement stockées sans valorisation. La stratégie actuelle de l’ADEME est de privilégier les solutions permettant de traiter de gros volumes à court terme, en améliorant les unités de traitement existantes. Des essais sur des procédés innovants à plus forte valeur ajoutée sont aussi soutenus.

La question de l'épandage
Une étude coordonnée par l’Institut Technique Tropical (IT²) en partenariat avec le CIRAD, le CTCS, la Chambre d’Agriculture et la Collectivité Territoriale de Martinique étudie les effets de l’épandage direct de sargasses sur les principales cultures tropicales (banane, melon, laitue, concombre,
patate douce, canne) avec pour objectif la publication d’un guide technique à destination des agriculteurs d’ici 2 ans.
On notera aussi qu'un projet de fabrication d’amendement à base de sargasse et de calcaire est en cours.

La question du compostage :
En Martinique, actuellement deux plateformes de compostage acceptent gratuitement les algues :
CVO au Robert (50t/sem dans le cadre d’essais) et Holdex au François (100t/sem). Une troisième pourrait en accepter après étude.

Deux projets sont soutenus sur des tests de compostage sur des installations existantes afin d’améliorer les process, définir les quantités acceptables sur les unités et les éventuelles extensions possibles.
  - Plateforme TerraViva à Ducos : la première phase des essais a démarré, un premier lot de sargasses a été composté, le deuxième lot est en cours de compostage.
  - Centre de Valorisation Organique (CVO) du Robert : des travaux d’adaptation ont été réalisés et le protocole expérimental a été établi par l’exploitant. Les premiers essais seront lancés prochainement.

- Une extension de plateforme et la mise en place d’un process en milieu confiné est prévue par l’entreprise Holdex afin d’accueillir plus de sargasses (et déchets agronomiques le cas échéant). Capacité totale annoncée de traitement des algues : 26 000t de sargasses fraiches. L’ADEME soutient
ce projet global d’extension de plateforme de compostage (qui ne concerne pas uniquement les sargasses) à hauteur de 4.95 M€.

La question de la valorisation énergétique:
Une Etude du potentiel énergétique de la combustion de la sargasse en remplacement de la bagasse dans la chaudière Albioma du Moule est en cours ainsi qu'étude du potentiel méthanogène de la Sargasse délocalisée pour essais en laboratoire à Narbonne.

La question de la valorisation agroalimentaire:
- Un projet de valorisation sous forme d’alginate pour la cosmétique et l’agroalimentaire.
- Un projet guadeloupéen de valorisation par la nutrition animale.

La question de la valorisation bioplastique:
- Un projet guadeloupéen d’utilisation de la sargasse comme charge naturelle dans la fabrication de
plastique.

La question de la valorisation thérapeutique:
- Un des volets de l’étude de l’INRA s’intéresse aux vertus thérapeutiques potentielles des molécules présentes dans la sargasse.
A noter aussi la mise en place d’un réseau de capteurs permanents (H2S, NH3) sur le littoral, piloté par l’association Madininair avec l’aide de l’ADEME et la CTM. A ce jour, un réseau de 13 capteurs transmettant des mesures en continu est fonctionnel